ANTONI TAPIÈS I PUIG est un artiste clé du XXe siècle, un des grands maîtres de l’art abstrait espagnol. Antoni Tapiès, peintre et sculpteur phare, est mort à 88 ans à Barcelone des suites d’une brève maladie.
Né en décembre 1923 à Barcelone, le jeune Antoni s’intéresse très tôt aux arts plastiques, qu’il pratique en parallèle de ses études de droit. En 1940, il tombe gravement malade et pendant la durée de sa convalescence, soit deux années, il se réfugie dans la littérature, mais également dans la peinture et le dessin, qui lui ouvriront les portes des mouvements dadaïstes et surréalistes.
Sculpture
"L'énergie spirituelle qui habite la matière de Tapiès s'appréhende avec la même humilité que notamment les Messes de terres de Dubuffet et rejoint la mystique des artistes espagnols, de même que celle des artistes japonais" "L'oeuvre nous le prouve. Nous ne sommes pas là pour "rien". Il y a quelque chose à défendre encore et toujours. Tapiès, comme tout le monde, lutte pour la vie, mais lui le sait plus que jamais aujourd'hui."
Pierre Givodan
A l'époque de la guerre civile espagnole, Tapiès est adolescent.Tuberculeux, il combat une lésion pulmonaire à 20 ans. Il découvre la peinture, et c'est par le surréalisme qu'il exprime son angoisse métaphysique. Dans les années 50, c'est le grand chambardement dans son oeuvre. En 1952, Tapies s’oriente radicalement vers l’art abstrait, dont il ne cessera d’être un porte-parole tout au long de sa vie. Sa création graphique, sculpturale, plastique, monumentale et fascinante révèle un caractère bien souvent provocateur, anti-esthétique, mais surtout elle avoue une fascination pour les matériaux considérés comme pauvres, la paille, le fil de fer, ou encore la terre. Le tableau est travaillé couché, à plat. Tapiès mêle des objets à sa peinture.Puis viendront les matériaux, les matières, les graphes, les graffiti, les tags, les lettres et les sigles.
"Les croix, les os, le doigt pointé, "le sud" (titre de l'un des tableaux) sont là pour nous renvoyer, si on les avait oubliées, aux évidences d'une "théologie naturelle".
L'esprit refuse le néant parce qu'il expérimente l'éternité, c'est à dire la création sentie, vécue et pensée, à chaque seconde.
Non, l'homme Tapiès n'est pas un accident de l'histoire de l'art actuel, mais une nécessité incontournable." P. GIVODAN
"Scotch"
Les noirs, les bruns, les terres, les ocres envahissent l'espace pictural. C'est l'affrontement tragique entre tout et son contraire. La mort et la vie, le désir et le néant, le tout et le rien ... Comme Miguel de Unamuno le philosophe, Tapiès nous rappelle "au sentiment tragique de la vie" que représente la corrida pour Unamuno et qui habite l'âme espagnole.
ANTONI TAPIÈS a relié (au sens de reli - gion, ce qui relie le divin au terrestre) dans un rapport ardent et solide, dans une transcendance profonde matérialisme et mysticisme, mystique et matière, objet brut et regard de l'âme.
C'est certainement pourquoi il a dédié une de ses oeuvres à Olivier Messiaen le grand compositeur de musique religieuse qui a trouvé les origines de son monde musical dans le chant des oiseaux, le bruit des sources, le grondement de la terre et les a réorganisés sur le même plan chaotique que le divin créateur de l'univers en organisant un chaos semblable à celui de Tapiès, le démiurge.
Pablo
"Messiaen"
En hommage à ANTONI TAPIÈS je vous recommande une oeuvre courte d'OLIVIER MESSIAEN même si elle peut sembler abstraite, elle mérite comme le chant du vent, celui des rivières d'être entendue maintes et maintes fois pour être enfin aimée, sinon comprise comme l'oeuvre graphique de l'artiste catalan qu'on peut aimer sans vouloir absolument la comprendre. Comme un paysage de l'âme.
OLIVIER MESSIAEN
4 feuillets inédits pour ondes Martenot et piano
interprétés par :
au Piano forte, YVONNE LORIOD -MESSIAEN
aux Ondes Martenot, JEANNE LORIOD
Les ondes Martenot est un instrument électronique inventé en 1928
qui peut effectuer des glissandi comme l'orgue de cristal et des fortissimo intéressants.
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