Pour lire en entier, n'ouvrez que l'article. Pour François Berléand, Eva Joly, née en Norvège, "ne devrait pas être candidate" à la présidentielle car elle n'est pas née en France, a déclaré jeudi le comédien François Berléand sur RMC, disant ne pas comprendre qu'elle "ne parle pas le français sans accent", une opinion suscitant de vives réactions sur le net.
photo : Francois Lo Presti, AFP
Interrogé au cours de l'émission des "Grandes Gueules !" sur l'accent norvégien de l'ancienne magistrate et des polémiques que cela a déjà suscité, François Berléand a d'abord répondu sur un ton apparemment léger:
"Ma grand-mère était russe et elle avait un accent russe. Mon père est né en Russie, il n'en avait pas. Il y a des gens qui s'intègrent plus ou moins bien en France".
"Cela fait quand même quarante ans qu'elle est en France. Comme Jane Birkin, elle n'est pas douée pour les langues", a-t-il continué. "Mon père est arrivé à 18 ans en France, et au bout de dix ans, il parlait le français sans absolument aucun accent. Quand on a envie de s'intégrer, on s'intègre".
Puis le comédien, actuellement à l'affiche de "Quadrille" de Sacha Guitry au Théâtre Edouard VII à Paris, a continué: "On va encore me traiter d'affreux machin, mais je ne comprends pas qu'une candidate à la présidentielle ne parle pas le français sans accent. C'est vraiment quelque chose qui me choque (...)".
Puis le comédien, actuellement à l'affiche de "Quadrille" de Sacha Guitry au Théâtre Edouard VII à Paris, a continué: "On va encore me traiter d'affreux machin, mais je ne comprends pas qu'une candidate à la présidentielle ne parle pas le français sans accent. C'est vraiment quelque chose qui me choque (...)".
"Aux Etats-Unis, dans la Constitution, si quelqu'un n'est pas né sur le territoire américain, il ne peut pas accéder à la présidence. Ca me gêne un peu. Je trouve qu'elle ne devrait pas être candidate. Ca me choque vraiment profondément", a-t-il également souligné.
Un des animateurs lui fait alors remarquer qu'il avait plaidé pour l'Europe quelques minutes auparavant.
"La Norvège n'est pas dans l'Europe (au sens de l'UE, NDLR). Si elle était italienne, elle aurait le droit", rétorque-t-il.
Au cours de l'émission, François Berléand a assuré qu'il voterait pour François Bayrou au 1er tour de la présidentielle.
Au début du mois, une chronique de Patrick Besson dans Le Point qui contrefaisait phonétiquement l'accent norvégien d'Eva Joly avait fait polémique.
"C'est une attaque raciste, une forme d'ostracisme", avait alors dénoncé la candidate écologiste. La suite en dessous ---}
Ils ont osé ! "Les cons ça ose tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnait", disait Michel Audiard avec son phrasé banlieusard. Hé bien on les a reconnus.
Cette déclaration d'un comédien moyen ne relève pas de la légèreté, de la maladresse ou d’un humour douteux mais bien d’une vision à connotation xénophobe, dans la lignée de celle de l’extrême droite française qui, à la fin du XIXe siècle, attaquait Léon Gambetta sur son accent toulousain.
Gambetta, farouche germanophobe, mort en 1882, possédait un terrible accent toulousain et une haine de la Prusse contre laquelle il aurait voulu mener la guerre à outrance.
Plus que son idéologie, l’Histoire a retenu son étonnant talent d’orateur, mais les Toulousains seraient fiers de savoir qu’il ponctuait ses discours de "cong" car ici, comme le disait le poète, Nougaro, "on se traite de cong à peine qu’on se traite".
La déclaration du comédien n'est pas forcément celle d'un authentique raciste, c'est sûrement celle d'un vrai con. Elle rappelle celle de M. Patrick Besson dont on qualifie son pamphlet anti Eva Joly de dérive nauséabonde.
Cette accusation "raciste" tombe, parait-il, sur "un grand écrivain français de sang mêlé (père russe, mère croate) (?)ayant grandi à Montreuil, inlassable voyageur qui parle notamment le serbo-croate et le thaï (avec une pointe d’accent français)". Exploit linguistique dont on se fout complètement. C'est un argument d'un snobisme germanopratin incroyable, une excuse de collégien mal élevé de Neuilly, Passy, ou Auteuil : lui, il a le droit, il est tellement intelligent ! C'est du pur mépris pour le vulgum pecus qui ne comprend rien à rien.
M. Bessson n'est pas un satiriste léger. Il se croit féroce mais il confond le burlesque et l'humour.
Ce qui peut être farce ou burlesque à l'oral devient vite incompréhensible et emmerdant à l'écrit.
La lourdeur de Patrick Sébast... pardon ! je voulais dire Patrick Besson, ne l'honore pas même si certains bobos esprits y ont vu un clin d'œil à Honoré Balzac qui crût bon de rajouter à son patronyme une particule élémentaire dévoilant dans son pseudo sa frustration monarchiste de n'être pas né (noble).
L'accent alsaco-étranger chez M. Balzac est plus bref, moins envahissant, même s'il est aussi lourdingue que chez M.Besson. Que M. Besson reprenne ses esprits et fouille plutôt le fond que la forme.
Et puis, il faut qu'on lui révèle quelque chose de terrible : Emmanuel Kant avait un épouvantable accent boche.
Et ça faisait déjà rire les crétins.
Et ça faisait déjà rire les crétins.
Louis Napoléon Bonaparte, le 1er président de la République Française, avait lui aussi un abominable accent allemand qui faisait rigoler son entourage tandis que son tonton Napoléon 1er avait été surnommé La paille au nez (Nabulioné en corse) par ses copains de l'Ecole Militaire à cause de son irrépressible et irrédentiste accent corse.
Il est certain que Mme Eva Joly n'est pas une oratrice, il est vrai qu'elle hache la paille comme un authentique Schpountz mosellan et il est aussi évident qu'elle avance parfois des inepties quant à la culture française telles que la suppression du défilé du 14 juillet en oubliant que c'est le lien historique, populaire et symbolique avec la République et que le progrès c'est parfois la tradition alliée à la modernité, l'une servant l'autre.
Avec un peu d'imagination, un défilé peut être national, humanitaire, militaire, républicain, pacifique, civil, historique, moderne, traditionnel, spectaculaire, musical, patriotique et universaliste à la fois.
Mais revenons à l'accent.
Avec un peu d'imagination, un défilé peut être national, humanitaire, militaire, républicain, pacifique, civil, historique, moderne, traditionnel, spectaculaire, musical, patriotique et universaliste à la fois.
Mais revenons à l'accent.
Rappelons au comédien Berléant que certains comédiens bien plus bankables que lui, comme on dit de nos jours avec tant de poésie, et d'un autre calibre que le sien étaient handicapés par un fort accent.
Lino Ventura parlait pointu, Raimu et Fernandel avaient l'accent provençal, Bourvil l'accent normand. Bedos a un accent pied-noir et Boujenah en a un autre … et j'en oublie !
L'accent n'a jamais nui au talent, bien au contraire ! Que M. Berléant se méfie de ne pas en avoir.
L'accent n'a jamais nui au talent, bien au contraire ! Que M. Berléant se méfie de ne pas en avoir.
Brel avait un des multiples accents belges, Hansi avait un accent alsacien, Keffelec a l'accent breton. Audiard parlait le parigot nasal, Pierre Dac parlait pointu, Sartre nasillait tandis que Malraux raclait, tremblotait et posait des accents circonflexes sur les a et les o.
Pour revenir aux politiciens : Gaston Defferre bégayait, comme François Bayrou. Léon Blum avait un phrasé d'homosexuel souffreteux, Georges Marchais grasseyait, Charles Pasqua a l'accent des personnages de Pagnol.
Maurras et Daudet avaient l'accent comédie française mais n'avaient nul talent d'orateur, Clémenceau n'avait pas l'accent de sa moustache mais, lui, il avait du talent ... et Vincent Auriol devint Président de la République en roulant les R.
M. Berléand, loin de moi de vous accuser de délit de pensée incorrecte. Peu m'importent les gardiens de la pensée correcte, je ne vous accuserai ni de germanophobie ni de norvégiophobie, je vous accuserai seulement d'un effarant désir d'uniformité, d'un sens de l'altérité altéré, mais surtout je vous accuserai de connerie caractérisée.
Les cons ça ose encore plus quand ça croit faire partie de l'élite de la nation ! Si les cons se mettaient à voler, on ne verrait plus jamais le soleil. Alors M. Berléand, restez au sol et cessez de croasser !
Pablo
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